samedi 27 mai 2017

La vengeance des mères

La photographie reproduite sur la couverture de ce roman a été prise par L. A. Huffman à Fort Keogh, dans le territoire du Montana,  en 1878. La jeune femme, dénommée Pretty Nose, était une chef de guerre amérindienne qui, à la fin du mois de juin 1876, s'est battue contre le 7e de cavalerie du général George Armstrong Custer à la  bataille de la Little Bighorn, à l'âge de vingt-cinq ans. Apparentée à tort, selon diverses sources, à la tribu des Cheyennes du Nord, elle était en réalité arapaho. Les Arapahos étaient des alliés des Cheyennes, et les deux tribus unies par d'étroits liens de parenté. Pretty Nose avait également du sang français par par son père, un marchand de fourrures canadien-français. Malgré les interdictions successives, prononcées par les autorités religieuses et gouvernementales, concernant les mariages entre différentes ethnies, religions et cultures, ceux-ci étaient déjà nombreux dans les Grandes Plaines pendant la première moitié du XIXe siècle, comme dans toute l'histoire de l'humanité.
Pretty Nose a vécu par la suite dans la réserve arapho de Wind River, dans le Wyoming, jusqu'à l'âge d'au moins cent deux ans.

4 de couv' :
1875. Dans le but de favoriser l'intégration, un chef cheyenne, Little Wolf, propose au président Grant d'échanger mille chevaux contre mille femmes blanches pour les marier à ses guerriers. Grant accepte et envoie dans les contrées reculées du Nebraska les premières femmes, pour la plupart  "recrutées" de force dans les pénitenciers et les asiles du pays. En dépit de tous les traités, la tribu de Little Wolf et ne tarde pas à être exterminée par l'amie américaine, et quelques femmes blanches seulement échappent à ce massacre.
Parmi elles, deus soeurs, Margaret et Susan Kelly, qui, traumatisées par la perte de leurs enfants et par le comportement sanguinaire de l'armée, refusent de rejoindre la "civilisation". Après avoir trouvé" refuge dans la tribu de Sitting Bull, elles vont prendre le parti du peuple indien et se lancer, avec quelques prisonnières des Sioux, dans une lutte désespérée pour leur survie.
Avec cette aventure passionnante d'un petit groupe de femmes prises au milieu des guerres indiennes, Jim Fergus nous donne enfin la suite de Mille femmes blanches. Le miracle se produit à nouveau et cette épopée fabuleusement  romanesque, véritable chant d'amour à la culture indienne et à la féminité, procure un incommensurable plaisir de lecture.

Je me méfie souvent des suites, car on est souvent déçu quand on a aimé le tome précédent ou, si la suite arrive plusieurs années après comme ici, on peine à se remémorer certains détails ce qui ne facilite pas la lecture du second tome.
Heureusement, Jim Fergus distille tout au long du roman quelques rappels de l'histoire et si j'étais loin de tout me rappeler, cela m'a permis de m'y retrouver et d'apprécier cette lecture.

Sur le livre en lui-même, on retrouve avec plaisir la patte de l'auteur, et surtout l'aspect féministe de l'histoire car il est évident que le statut de la femme à l'époque était loin d'être idyllique, on revient de loin les filles ! (et m**** à celles qui osent dire "non je ne suis pas féministe" et qui ne se rendent pas compte à quel point elles le sont. Un peu d'histoire de la condition des femmes à travers les âges leur ferait le plus grand bien. Fin de l'aparté).
Sur la culture indienne, je ne me rappelle pas si c'était le cas dans "Mille Femmes Blanches", mais j'ai l'impression que l'auteur insiste davantage sur le côté mystique, surtout sur le côté transformation mais je n'en dirai pas plus.
Sur l'attitude du gouvernement américain vis-à-vis des indiens, rien de neuf, il faut dire aussi que c'était déjà très complet dans le roman précédent.

Et sur le côté vengeance, on n'en comprend toute la teneur que dans les toutes dernières pages. J'aimerais en dire davantage, mais ce serait tout dévoiler.

Sur la structure et l'écriture du roman : il s'agit des journaux de certaines de ces femmes, des anciennes et des nouvelles. On peut avoir une impression de redite dans celui des "épouses" fraîchement débarquées dans le côté découverte, impression tempérée par le journal des anciennes qui se décident en quelques sorte à les tutorer sur la société indienne dont elles font désormais partie. Ces deux séries de journaux se répondent ou se complètent et apportent un nouveau relief à l'histoire, évitant ainsi au roman d'être une pâle copie du précédent.

Un bon moment de lecture.
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