jeudi 13 novembre 2014

Ermites dans la Taïga - Des nouvelles d'Agafia

Ermites dans la Taïga - 4 de couv' :
Une famille de vieux-croyants démunis à l'extrême, subsistant dans une cabane misérable, en pleine taïga, coupés de la civilisation depuis... 1938 : telle est l'incroyable réalité décrite par Vassili Peskov, qui raconte ici avec passion et minutie l'aventure des ermites de notre temps, puis les vains efforts de la plus jeune d'entre eux, Agafia, pour se réadapter au monde. Nouvelle version du mythe de Robinson, manuel de survie dans la taïga, histoire de femme aussi, ce livre riche et multiple a rencontré lors de sa parution chez Actes Sud en 1992 un succès qui ne s'est jamais démenti. Et Agafia, sa magnifique héroïne, vit toujours, loin du "siècle", dans la sauvage solitude de la taïga.


Des nouvelles d'Agafia - 4 de couv' :
Née en 1945 dans la forêt sibérienne, Agafia est la dernière
survivante de la famille Lykov, retirée depuis 1928 dans la taïga pour une incroyable robinsonnade d'un demi-siècle, puis "découverte" en 1978 par un groupe de géologues. Vassili Peskov révéla cette aventure dans le livre Ermites dna sla taïga, qui s'achevait sur le désir d'Agafia de continuer à vivre solitaire et en autarcie. Par la suite, de nombreux lecteurs se sont interrogés sur le destin de cette femme courageuse qui avait choisi de ne pas revenir à la civilisation.
Dans ce récit, basé sur des voyages effectués de 1992 à 2008, on voit l'héroïne évoluer au fil des ans malgré elle, en raison notamment de l'involontaire notoriété que lui a apportée le livre de Peskov. Tandis que son amitié perdure avec Erofeï, de nouveaux candidats à la vie érémitique dans des conditions primitives et difficiles rejoignent Agafia, dont Sergeï, artiste peintre, et l'étonnante Nadia, venue elle aussi se perdre au fin fond de la Sibérie.
A la fois récit de vie d'une femme hors du commun et documentaire, cet ouvrage évoque dans leur absolue nécessité des notions comme la puissance de la foi et la relativité de la civilisation.


C'est vagabondant dans ma librairie préférée avec ma sempiternelle bonne résolution du "je jette juste un coup d'oeil mais n'achèterai rien cette fois" (hum...) que je suis tombée sur "des nouvelles d'Agafia, ermite dans la taïga". J'ai hésité, temporisé, d'autant que je ne trouvais pas "Ermites dans la taïga" dans le magasin, mais ai finalement cédé à l'envie. Non sans avoir commandé dans la foulée le premier opus.

J'ai toujours été curieuse, comme vous aussi je pense, de connaître des modes de vie différents du mien. Là, double  plaisir : autre pays et... radicalement autre mode de vie même pour la majorité des habitants de ce pays.

Nous faisons donc connaissance avec cette famille atypique, leur foi et leur mode de vie... Autant qu'eux, prenant contact avec le siècle, font connaissance avec ces envoyés des temps modernes. Bien qu'accueillants, leur foi, leurs habitudes, leurs rites leur feront d'abord rejeter en bloc tout ce qui est proposé par leurs visiteurs. Ils se laisseront peu à peu apprivoiser par leurs visiteurs, sans pour autant renier ce qu'ils sont.
Petit à petit, des changements se font cependant, influence extérieure oblige. Certaines réticences tombent, au fil des cadeaux apportés par les géologues ou offerts via Vassili Peskov par ses lecteurs. Cadeaux parfois un peu empoisonnés d'ailleurs : le mode de vie des vieux-croyants impose une vie austère de dur labeur, alors oui, des chèvres c'est bien pour le lait et le fromage, mais ça veut dire veiller à leur alimentation (travail en plus) et... à les protéger des ours et des loups.

C'est un peu ce que j'ai regretté, bien qu'intéressant finalement : je pensais lire un récit plutôt ethnologique (on observe mais on n'interfère pas, ou le moins possible), ce qui n'est pas tellement le cas ici. Cela est d'autant plus flagrant dans le deuxième livre. Agafia est seule à présent, et se permet plus de libertés qu'avant, conséquence découlant de nécessités due à sa survie et découvertes diverses au fil des expériences vécues.

Autre reproche, mais cela est dû surtout au fait que bien que l'auteur avait des nouvelles d'Agafia par un biais ou un autre (courriers, appel des géologues ou autres), il ne pouvait accéder à son domaine qu'une fois par an (au mieux) et pour un court, voire très courts laps de temps. Courtes étapes dont il s'inspirait pour ses articles.
Cela paraît donc assez répétitif au bout d'un moment : il se rend chez Agafia, apporte des cadeaux, récolte les dernières nouvelles, rapporte des cadeaux d'Agafia (et une liste de ce dont elle peut avoir besoin) et repart.

Mais je garde surtout de tout cela le portrait d'une femme attachante, intelligente, courageuse, avec un grand sens de l'humour. Qui méritait bien, en effet, d'être connue.
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