dimanche 10 août 2014

Viol une histoire d'amour

4 de couv' :
Ils étaient cinq. Ivres, camés. L'ordinaire de leurs samedis soir, quoi... Peut-être encore plus excités ce samedi-là, au soir du 4 juillet, la fête nationale. Vers minuit, la belle Tina Maguire a eu le tort de couper court à travers le parc pour rentrer plus vite chez elle avec sa gamine Berthie, 12 ans. Ils l'ont laissée pour morte dans le hangar à bateaux. Une tournante comme on n'ose pas en imaginer. Une abomination à laquelle a assisté, réfugiée derrière un tas de vieux canoës, la petite fille. Qui a pu finalement se traîner jusqu'à la route pou rappeler au secours, et a sauvé ainsi sa mère.
Sauvé ? PAs des griffes des avocats de haut vol, ni de l'incompétence des procureurs, ni des propos de certaines : elle l'a bien cherché... en fait elle l'a cherché tout court. Ça lui pendait au nez...
Elle risque désormais de mourir vraiment, Tina. Et Berthie ne peut que prier pour l'intervention miraculeuse d'un ange vengeur. Justement il est là, dans l'ombre. Un flic épris de justice. Epris tout court. Le héros silencieux d'une histoire d'amour peu banale, racontée avec une éblouissante violence par une Joyce Carol Oates à son meilleur.


Au moment de choisir ce livre à la bibliothèque, ce titre me mettait mal à l'aise : rien de plus antinomiques qu'un viol et une histoire d'amour. Je pense alors à une erreur de traduction, d'autant que l'auteur est une femme : du tout, traduction littérale ou presque, la seule différence étant un point rajouté après le premier mot. A la lecture du quatrième de couverture, je comprends mieux.

Après la lecture du roman, le titre continue de me gêner car une l'idée générale d'une histoire d'amour est qu'elle soit partagée entre deux êtres, de romance, etc. et ce n'est pas le cas ici.
Beaucoup penseront, et moi la première au début, que c'est de l'amour porté par un policier à Tina dont il est ici question. En fait pas du tout, ou plutôt, pas essentiellement.


Certes, ce policier aime Tina. Certes, Berthie ressent des sentiments pour lui, car il est la première personne à laquelle elle a pu se raccrocher juste après l'agression.
Mais ces sentiments-là sont secondaires.


Car la vraie histoire d'amour de ce roman est celui de Berthie envers sa mère. C'est cet amour (et la peur bien sûr) qui la pousse et l'aide à s'enfuir, à appeler les secours et la sauver. C'est cet amour qui l'aide à sortir du coma, de l'hôpital. C'est son amour qui la protège, autant que possible, du monde extérieur et hostile. Et qui par l'intensité de son regard et sa confiance en lui qui pousse ce policier à les aider.

En dehors du sujet de cette histoire, toujours délicat à traiter (et ici, admirablement traité, tant rien n'est oublié mais évoqué avec un mélange de franchise et de subtilité parfaitement accordées), tout semble malsain, y compris l'amour de ce policier (pas seulement envers Tina, mais sa conception implacable de la justice). Seul pureté, et espoir de ce roman, l'amour d'une petite fille pour sa maman, envers et contre tout.
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