samedi 1 septembre 2012

Requins d'eau douce

Un corps flotte dans une piscine au vingt-huitième étage d'un immeuble viennois : déchiqueté et unijambiste. Une minuscule prothèse auditive gît au fond du bassin. Aucune piste sérieuse en vue. L'homme aurait été tué par un requin, ce qui ressemble plutôt à une mauvaise plaisanterie. Richard Lukastik, de la police de Vuenne, prend les choses en main. A 47 ans, l'inspecteur passe pour antipathique mais irréprochable, retors et fou. Il se déplace en Ford Mustang or mat, n'écrase jamais ses cigarettes, dîne chaque soir s'une soupe chez ses parents, n'utilise pas de gants au sens propre comme au figuré, admire le philosophe Ludwig Wittgenstein dont il a toujours un livre en poche qu'il ouvre un sens à sa journée. L'enquête est à l'image de celui qui la mène : mordante et dubitative.


La première réflexion qui me vient à l'esprit concernant ce livre est qu'il s'agit d'un polar atypique. Atypiques sont ses personnages, en particulier Lukastik, atypiques certaines aspects de l'écriture. Et du coup, jubilatoire.

Le personnage central est un pince-sans-rire misanthrope, dont l'arrogance se marie parfaitement à une assurance qui confine à une certaine naïveté. Bien que loin d'être passif dans son enquête (au grand dam de son supérieur qui se désespère des décisions prises par son enquêteur) il semble cependant parfois subir les évènements, qui peuvent le mener à des situations désespérées. Du moins pas à celles auxquelles il s'attendait. Ou pas, d'ailleurs.

Certains seront rebutés par le manque d'action du roman, ainsi que par le côté "fan de Wittgenstein" du personnage central. Car il est beaucoup question de philosophie ici, mais présentée de telle manière que cet aspect fait plutôt sourire car il renforce le côté comique du personnage. Personnage dont on apprend vite, et sans que j'en révèle davantage, qu'il est devenu policier un peu par hasard. Et dont on apprend  vers la 86ème page du livre qu'il est suffisamment misanthrope pour n'avoir réussi à trouver le plus grand amour de sa vie que dans sa propre famille (un peu pitoyable et pas moral du tout, je vous l'accorde).

Bref, un polar dont l'enquête tient la route, n'en déplaise certains esprits chagrins qui trouveront la chute tirée par les cheveux (sans mauvais jeux de mots), et là c'est qu'ils auront oublié qu'en ouvrant ce livre, ils en avaient pourtant accepté le présupposé du départ.

Un polar qui m'a fait sourire voire rire par ce personnage atypique et son entourage qui ne l'est pas toujours forcément moins, et les réactions qu'ils suscitent et surtout le fait qu'il n'en a cure. Polar qui m'a fait aussi sourire par les parenthèses et notes de bas de page de l'auteur qui n'est pas dénué d'auto-dérision.

Bref, un bon moment de lecture en ce qui me concerne. Et une assez bonne place dans le classement.

Il ne m'en reste plus qu'un à lire et il est temps, les notes sont à rendre lundi. Soit après-demain.
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