vendredi 25 mai 2012

Smala en saga

Quoi de plus jouissif que :
1) d'être en vacances
2) d'avoir du beau temps (soleil, chaleur, légèreté de l'air, zazos qui gazouillent, etc.)
3)  et de profiter du tout pour lire la saga Malaussène de Daniel Pennac ?

Ben voilà, une semaine de pur bonheur et de détente (si on excepte les trois tonnes de repassage et, beau temps qui dévoile la crasse des fenêtres, le nettoyage des dites vitres), ça fait du bien d'être égoïste de temps en temps et de ne s'occuper que de soi.
A noter que pendant le repassage, j'ai maté un dvd de San Severino, musique qui s'accorde assez bien avec la smala Malaussène et chanteur que je verrai bien tenir le rôle de Benjamin (c'est un péché, l'enthousiasme vacancier ?)

Donc voilà :

Au Bonheur des Ogres (285 pages)
Côté famille, maman s'est tirée une fois de plus en m'abandonnant les mômes, et le Petit s'est mis à rêver d'ogres Noël.
Côté coeur, tante Julia a été séduite par ma nature de bouc (de bouc émissaire).
Côté boulot, la première bombe a explosé au rayon des jouets, cinq minutes après mon passage. La deuxième quinze jours plus tard, au rayon des pulls, sous mes yeux.
Comme j'étais là aussi pour l'explosion de la troisième, ils m'ont tous soupçonné. Pourquoi moi ?
Je dois avoir un don...


Premier opus de la saga, ce roman permet au lecteur de faire connaissance avec la tribu Malaussène et la tribu de la tribu (entendez par là amis, voisins et collègues, bref comme toujours chez les Malaussène, amis qui forment un deuxième cercle familial).
Il permet aussi de donner le ton, et de découvrir :
- chaque personnage.
- que chaque membre de la famille a un don, je ne vous dirai pas lesquels, ça gâcherait la surprise. Juste que Benjamin (frère de famille) a le don d'attirer les ennuis et de vite devenir le bouc émissaire idéal. Mais de là à en faire (un peu malgré lui, faut bien gagner sa vie et celle de sa famille) son métier, c'est un peu du vice. Notez qu'il va bien essayer, au fil des romans, de changer de métier, mais on n'échappe pas à son destin dirait sa soeur Thérèse.
- que la vocation de la smala est de s'agrandir : se faire de nouveaux amis et au moins un bébé par tome.   Mieux vaut suivre la saga dans l'ordre histoire de bien se repérer dans la généalogie qui est autant familiale qu'amicale, sans compter que ça se mélange un peu, tout ça.
- tout un quartier parisien, Belleville, haut en couleurs et en épices.
- une série de bons polars car mine de rien, famille et situations excentriques ou pas, les énigmes et enquêtes tiennent la route.



La Fée Carabine (340 pages)
"Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c'est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ?"
Ainsi s'interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, coeur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d'un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l'innocence même ("l'innocence m'aime") et pourtant... Et pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale.

Ce deuxième opus est la suite logique du premier. Non, je ne joue pas à Lapalisse, c'est juste que le postulat de départ se trouve de façon anecdotique dans le roman précédent dans une phrase qui m'avait percutée car non expliquée.
Ainsi la famille s'agrandit-elle ici des petits vieux du quartier pour les préserver de la drogue et de l'envie d'y replonger, tandis que "tante" Julia mène l'enquête pour les besoins d'un article. Dans le même temps, les petites vieilles du quartier se font assassiner et la police peine à les protéger.
Et bien sûr, Benjamin va se retrouver au centre de tout cela et pour le voir se sortir de la panade, il faudra une fois de plus attendre la toute fin du roman pour en comprendre les tenants et aboutissants.
Et comme toujours, Daniel Pennac retombe sur ses pieds avec grâce, pour notre plus grande hilarité.



La Petite Marchande de Prose (403 pages)
"L'amour, Malaussène, je vous propose l'amour !" L'amour ? J'ai Julie, j'ai Louna, j'ai Thérèse, j'ai Clara, Verdun, le Petit et Jérémy. J'ai Julius et j'ai Belleville...
"Entendons-nous bien, mon petit, je ne vous propose pas la botte ; c'est l'amour avec un grand A que je vous offre : tout l'amour du monde !"
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai accepté. J'ai eu tort."
Transformé en objet d'adoration universelle par la reine Zabo, éditeur de génie, Benjamin Malaussène va payer au prix fort toutes les passions déchaînées par la parution d'un best-seller dont il est censé être l'auteur.
Vol de manuscrit, vengeance, passion de l'écriture, frénésie des lecteurs, ébullition éditoriale, délires publicitaires, La petite marchande de prose est un feu d'artifice tiré à la gloire du roman. De tous les romans.

Plus on avance dans la saga, plus les romans prennent en épaisseur et en densité et plus nous, lecteurs, prenons de plaisir à la lecture des aventures Malausséniennes.
Ce tome-ci nous permet de voir un peu le monde de l'édition, de façon relativement burlesque, certes, mais qui sous certains aspects ne doit pas être loin de la réalité.
Démarrant sur le mariage de Clara, le roman embraye sur la montée en grade de Benjamin dans son statut de bouc émissaire de la littérature. Et pour donner quoi ? A vous de le lire...



Monsieur Malaussène (645 pages)
- La suite ! réclamaient les enfants. La suite ! La suite !
Ma suite à moi c'est l'autre petit moi-même qui prépare ma relève dans le giron de Julie. Comme une femme est belle en ces premiers mois où elle nous fait l'honneur d'être deux ! Mais, Julie, Crois-tu que ce soit raisonnable ? Julie, le crois-tu ? Franchement... hein ? Et toi, petit con, penses-tu que ce soit le monde, la famille, l'époque où te poser ? Pas encore là et déjà de mauvaises fréquentations !
- La suite ! La suite !
Ils y tenaient tellement à leur suite que moi, Benjamin Malaussène, frère de famille hautement responsable, bouc ressuscité, père potentiel, j'ai fini par me retrouver en prison accusé de vingt et un meurtres.
Tout ça pour un sombre trafic d'images en ce siècle Lumière.
Alors, vous tenez vraiment à ce que je vous la raconte, la suite ?

J'avais déjà lu ce tome il y a quelques mois, je n'en reparlerai pas ici, mais vous pouvez aller voir par .
Notez que tant qu'à avoir la bonne idée de me tromper de premier tome, j'ai au moins choisi le seul qui a son pendant dans un autre volume, à part de la série, à savoir :

Monsieur Malaussène au théâtre (83 pages)
"Père, quand vous serez passé par ce que j'ai vécu avant de naître, vous pourrez l'ouvrir"


Là, j'étais un peu perplexe. Comment résumer 645 pages pleines de rebondissements en tous genres en moins de 100 ?
Car il ne concerne que les péripéties d'un seul personnage du roman (presque) éponyme, et que du coup ça dégraisse bien. Et si ce volume est centré sur un seul personnage, notez bien que toute la famille est sur scène.
Et qu'il est un condensé des phrases cultes de chacun, ce qui permet de faire connaissance avec tous individuellement. Un exercice de style sur une série culte, une curiosité dans la saga.
Je ne sais pas si ce texte a été joué, mais il vaut mieux connaître la saga et en particulier l'histoire de "Monsieur Malaussène" avant de le lire ou le voir jouer.



Des Chrétiens et des Maures (90 pages)
Un matin, le Petit a décrété :
- Je veux mon papa.
Il a repoussé son bol de chocolat et j'ai su, moi, Benjamin Malaussène frère de famille, que le Petit n'avalerait plus rien tant que je n'aurais pas retrouvé son vrai père. Or ce type était introuvable. Probablement mort, d'ailleurs.
Après deux jours de jeûne le Petit était si transparent qu'on pouvait lire au travers. Mais il repoussait toujours son assiette :
- Je veux mon papa.

Là aussi j'étais perplexe en début de lecture : tome précédent, presque 700 pages. Et celui-ci : moins de 100.
Non mais, ils nous ont épuisé notre auteur préféré, les éditeurs ? A bas les cadences infernales ? (et pis ça serait bien qu'ils arrêtent de prendre leurs auteurs fétiches pour des vaches à lait et nous aussi par ricochet).
Et bien franchement, court mais dense, au point d'avoir l'impression d'avoir lu plus de 100 pages une fois finie l'histoire. Une histoire typiquement Malaussénienne bien sûr, mais au postulat de départ improbable (de tous les enfants de la famille, le petit est le seul dont il semble impossible de retrouver la trace du père) avec un résultat tout aussi improbable (on retrouve le père. Fallait le faire).
Une bizarrerie de plus dans la saga. Mais qui peut se lire à part, tant il n'a pas d'incidence sur le déroulé de la série.



Aux Fruits de la Passion (222 pages)
La tribu Malaussène et ses proches
ont le regret de vous annoncer
le mariage de Thérèse Malaussène
avec le comte Marie-Colbert de Roberval,
conseiller référendaire de première classe.
Cet avis tient lieu d'invitation.

Autant dire que ce quatrième de couverture en forme "d'avis-invitation" donne le ton du roman.
Benjamin est consterné de marier sa soeur Thérèse à un énarque, et ce bien avant de savoir les catastrophes qui en résulteront. Mais comme le lui fera remarquer Louna : "Thérèse trouve un monsieur qui s'intéresse à elle, un phénomène aussi improbable qu'une tulipe sur la planète Mars, et tu t'en fiches ?"
Dont acte. Soit, donc. Encore que son consentement, on ne le lui demande pas vraiment...
Toujours haut en couleur, ce dernier opus montre un peu d'essoufflement (même remarque aux maisons d'édition que précédemment), même si Daniel Pennac a suffisamment de talent pour ne pas nous lasser.
Et puis, voir Thérèse se marier, avec des conséquences si définitives, ça valait quand même le coup.

Globalement, je me suis bien amusée avec ces lectures, l'idéal pour des vacances ensoleillées et pour faire le plein de détente et de bonne humeur grâce à une plume alerte et intelligente.
Suis requinquée !
(mais bien contente de ne pas reprendre avant mardi, suis pas pressée non plus, faut pas exagérer)
.

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