dimanche 1 avril 2012

Veilleurs

4 de couv' :
Oscar Nexus, veilleur de nuit marginal, tue trois personnes dans la rue, puis s'endort sur les cadavres. Interné dans une clinique, il affirme avoir sauvé le monde. Son médecin, Joachim Traumfreund, fait une surprenante découverte : chaque nuit, Oscar reprend le même Grand Rêve. Pour comprendre le mobile des crimes, il s'immerge dans cet univers onirique où Nexus mène une véritable vie parallèle.


Sur le quatrième de couverture, seule la première phrase (à la rigueur, la deuxième) est correcte. Le reste est inexact : Nexus et Traumfreund ne sont pas les seuls personnages principaux du roman, il y a aussi et avant tout Rilviero, un policier. C'est lui qui est chargé de mener l'enquête. Il s'agit ici d'un trio, non d'un affrontement entre deux protagonistes. Je reconnais cependant qu'il ne doit être guère aisé de synthétiser 760 pages en quelques lignes.
Ce n'est d'ailleurs pas seulement à cause de la longueur de ce roman que j'ai mis autant de temps à le lire : j'avais du mal à m'immerger dans un livre le soir en rentrant du boulot, et pas tant que ça de temps (ou pas plus de volonté) le week-end. J'en ai donc eu une lecture assez fractionnée, ne facilitant guère cette immersion.

Alors, sur ce roman : en cours de lecture, j'étais assez perplexe sur son genre.
Il est vendu au rayon polar, mais puisqu'on connaît le coupable et qu'il a déjà été condamné avant le début de l'histoire, l'enquête porte sur ses motivations, ce qui est une approche assez originale pour un polar.
Et puisque Nexus raconte ses rêves se déroulant dans un monde parallèle, cela m'a fait penser à de la fantasy, jusqu'à ce que je réalise que ce monde est un peu similaire au nôtre ce qui n'était pas évident à réaliser au début. C'est un monde entier à découvrir au fil des chapitres.

La construction alterne donc le réel et les rêves de Nexus, avec une frontière parfois fragile entre les deux ce qui fait que comme Nexus, on finit par ne plus savoir ce qui est réel dans un premier temps puis à croire en l'existence de ce monde. Là-dessus, c'est très bien amené.
Désolée de ne pas en dire plus, mais ce serait tout dire du roman, et je trouve que ce que je viens de développer est déjà beaucoup.

Cette alternance entre les deux monde suscite des discussions entre les différents protagonistes dans chacun des deux mondes (précision : pas entre les protagonistes d'un monde à l'autre. Chacun reste dans le sien). Discussions sur des sujets aussi varié que le mal, le bien, la guerre, la paix, la société (celle qu'on a, celle qu'on veut), la démocratie, la dictature, la liberté et autres.
Cela pourrait inciter certains lecteurs à amorcer une réflexion sur les sujets abordés, pour ma part je me suis beaucoup retrouvée dans certains commentaires ou argumentations. Un genre de conte philosophique ?

Sur l'écriture : un vrai bonheur.
L'auteur aime les mots, la langue française, il aime jouer avec et ça tombe juste. Parfois, il fait des néologismes, détourne certaines expressions ou tournure de phrase et ça tombe toujours juste.
J'ai déjà lu des auteurs dont les descriptions sont tellement longues qu'elles finissent par perdre et ennuyer le lecteur, ils ne font que se faire plaisir et oublient que le lecteur doit avoir du plaisir à les lire. Et ne sont finalement que des phraseurs. Vincent Message, lui, manie tellement bien la langue que c'en est un vrai bonheur de le suivre. Je pense en particulier à une course effrénée à dos de cheval, on a l'impression d'y être, on ressent l'accélération et l'emballement de la course rien qu'au rythme soutenu des phrases, on en oublierait presque qu'on est confortablement assis dans son fauteuil.
J'ai d'ailleurs failli plusieurs fois (ah, la description d'une certaine nuance de la couleur bleue !) le citer dans ce blog pour vous mettre l'eau à la bouche.
C'est un beau travail de maîtrise de l'écriture et un auteur à suivre car prometteur.

Par contre, même si c'est un vrai bonheur de le lire, il est un peu trop long (ou alors c'est mon ressenti en raison de ma difficulté ces dernières semaines à mettre le nez dans un bouquin). J'ai failli laisser tomber car je ne voyais plus où tout cela nous menait. A un moment, dans cette description-découverte d'un nouveau monde, j'avais l'impression de faire du sur-place.
Mais tant qu'à être arrivée aux deux tiers du roman, je me suis dis que ce serait bête d'abandonner. Qui plus est, considérant ce que j'avais déjà lu et que l'auteur avait réussi à nous amener jusqu'à un certain point de son récit, je me suis dit que les 250 dernières pages devaient sûrement nous amener des surprises.
Et en effet, je n'ai pas regretté d'avoir poursuivi, j'ai bien aimé le dénouement et n'ai pas pu lâcher les 150 dernières pages, trop prise par les dernières révélations.

De ce (décidément long) premier roman, je retiens donc un style d'écriture qui m'a vraiment beaucoup plu et son originalité (d'autant que j'ai toujours aimé les histoires de monde parallèle) bien qu'il aurait peut-être gagné à être un peu plus court.
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