dimanche 26 février 2012

Déçue

4 de couv' :
Près du village de Werst, en Transylvanie, se dresse le château des Carpathes qui, depuis le départ du dernier représentant de ses seigneurs, Rodolphe de Gortz, est complètement abandonné et fui par tous, tant les rumeurs alarmantes et de folles légendes circulent à son sujet.
Un jour, une fumée est aperçue au faîte du donjon. Malgré leur peur, le jeune forestier Nic Deck et le docteur Patak partent en reconnaissance et sont victimes de phénomènes surprenants.
Peu après ces évènements, le comte Franz de Telek qui voyage pour oublier la mort de sa fiancée, la cantatrice Stilla, arrive à Werst. Apprenant que le château des Carpathes appartenait à celui qui l'avait maudit au moment du décès de la Stilla, il décide de s'y rendre...
Dans ce roman envoûtant, Jules Verne s'affirme comme un maître de la littérature fantastique.


Je dois bien reconnaître que ce roman et sa lecture ne m'ont pas emballée, à part peut-être certains passages qui ne tiennent finalement pas leurs promesses. Ce qui est dommage, car si on considère l'histoire seule, elle pouvait être intéressante.

Premier défaut qui n'est absolument pas dû à l'auteur : le quatrième de couverture, qui raconte les deux-tiers de ce court roman de 213 pages. En gros, on en est à la cinquantième page et ce qui s'est passé de plus notable est justement la fameuse fumée apparue au sommet du château.

Deuxième défaut : ce livre est apparue sous forme de feuilleton comme cela se faisait beaucoup à l'époque. Or si des tournures telles que "mais nous le verrons plus tard" convient très bien à un lecteur devant attendre le lendemain voire la semaine suivante pour connaître la suite, quand on lit cette histoire sous forme de roman, ça paraît franchement maladroit. Certains passages en deviennent carrément mal amenés (ex. : "à notre avis, nous devons développer ici...").

Sur les personnages : que les habitants de Werst paraissent attardés parce qu'ignorants vu que sans éducation véritable, c'est une chose. Je pense que l'auteur a voulu en faire un ressort comique du roman et cela aurait pu réussir si finalement cet aspect comique ne passait pas par une raillerie fortement teintée de mépris qui rendent le narrateur détestablement arrogant.
Cela dit, je ne suis pas dupe : l'idée est de pousser le lecteur à avoir un plus grande ouverture d'esprit que ces villageois afin de le faire adhérer à ce qui sera révélé à la fin du roman. En gros : "vous, lecteurs valez mieux que cela". Ou, en plus trivial : "vous n'allez pas être aussi bêtes qu'eux, quand même ?"
Les personnages les plus valeureux étant ceux qui de par leur fonction (officielle ou de naissance) s'élèvent au-dessus des autres, et aussi s'élèvent-ils intellectuellement (fi des superstitions, le salut par la science et l'objectivité des faits).
On n'échappe donc pas aux stéréotypes de l'époque, y compris pour les portraits des deux personnages juifs du roman, que ce soit leur attitude ou leur apparence physique. Donc ne croyez pas que Jules Verne, pris individuellement, était antisémite, je dirais plutôt qu'il était hélas de son époque.

Sur la narration : trop de longueurs (inutiles) par endroit, pas assez de développements à d'autres. Il s'agit  d'un roman trop court pour laisser la place à de si longues énumérations (parfois trop didactiques) sur la géographie, géologie, économie du coin. Elles apportent un petit plus à l'histoire, mais fallait-il les étirer en longueur ? De même, lorsque que le comte parcours le château, fallait-il vraiment, alors que l'auteur avait suffisamment insisté sur son dédale, qu'on suive ce personnage quasiment marche par marche ? Alors que l'épilogue, donnant toutes les clés de l'histoire, est expédié en peu de pages ?
Enfin, l'usage, par endroit abusif, de points d'exclamation : oui, il s'agit de moments clés et extraordinaire de l'histoire, oui, le personnage est à ce moment là étonné de ce qu'il découvre et le lecteur (de l'époque) aussi. Mais oui aussi, le lecteur s'en rend compte par lui-même sans qu'on le lui pointe du doigt par ce biais.

En résumé : ce n'est pas l'un des meilleurs Jules Vernes. Pour un si court roman, j'aurais développé certaines parties plutôt que d'autres OU j'en aurais fait un roman plus dense, plus développé, mieux construit.
Oui je sais, il est présomptueux de ma part de sembler donner des leçons d'écriture à un écrivain aussi renommé, mais c'est surtout ce que moi, lectrice, j'aurais aimé retrouver.
Dommage, car les idées scientifiques développées qui sont, j'insiste, la clé du roman, méritaient qu'on s'y attarde davantage en étant mieux amenées. Car comme toujours sur ces questions, Jules Verne était en avance sur son temps, voire de notre époque. Et ça, rien à faire, on ne pourra jamais le lui ôter.
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1 commentaire:

  1. ce n'est pas parce que on est reconnu comme un maitre que tous ce qu'on écrit est une oeuvre, la preuve..Je n'ai pas eu l'occasion de le lire, pourtant j'aime tous ce qui attrait aux Carpathes et autres histoires de Dracula...Lol oui oui j'aime les trucs un peu gore..
    A voir donc.
    Pour une fois qu'il faisait un truc court lol.

    Valérie.

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