mercredi 7 décembre 2011

L'art français de la guerre

4 de couv' :
J'allais mal ; tout va mal ; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire,  il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n'arrive pas à finir, il avait parcouru le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu'aux coudes. Mais il m'a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l'armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails.
Il m'apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l'art français de la guerre qui ne change pas, et je vis l'émeute qui vient toujours pour les mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas. Victorien Salagnon me rendit le temps tout entier, à travers la guerre qui hante notre langue.

A 23h00 et à la page 131 (fin du troisième chapitre), c'est à dire 501 pages avant la fin, je laisse tomber.

Même si je reconnais un talent certain de l'auteur pour l'écriture (encore que j'aurais corrigé certains défauts), je n'arrive pas à accrocher.

1) le livre alterne en "commentaires" et "romans". Les "commentaires" sont les chapitres du narrateur sur sa (petite) vie (de merdeux nombriliste dilettante désabusé). Les "romans" retracent la vie de Victor Salagnon. Le décalage entre les deux hommes et leurs vies est très grand, un vrai fossé de générations et donc de mentalités (sans compter la différence de contexte historique), je ne vois pas le rapport entre les deux histoires, s'il doit y en avoir un.

2) le premier chapitre est brouillon, comme la vie du narrateur. On passe du coq à l'âne puis au cochon pour revenir à l'âne. Casse-bonbon quand on essaye de s'imprégner du roman.
J'ai ensuite eu du mal à entrer dans le deuxième chapitre, j'ai du laisser passer quelques jours pour laisser décanter.

3) le narrateur est à baffer. Cf commentaire en 1.

4) J'aurais préféré plus de détails sur la rencontre de ces deux hommes et l'évolution de leur relation, évoquées dans le premier chapitre (commentaires I) : mais le narrateur s'appesantit sur sa paresse chronique et son manque d'intérêt à tout. On a presque l'impression que Salagnon confie son manuscrit à un inconnu.

5) Entrecouper les chapitres "romans" et "commentaires" m'ont démotivée. Habituellement, j'aime bien cette manière de faire, mais pas là. Ce sont les chapitres "romans" qui m'intéressent le plus, et me dire que je dois me farcir entre chaque les autres, alors que le narrateur m'est antipathique, me décourage. Je me suis alors dit "soit, puisque ces parties n'ont pas de liens entre elles et semblent même deux romans en un, pourquoi ne pas sauter ceux-là ?" Réponse immédiate : "ça va perdre en intérêt". Contradictoire ? Pas tant que cela : c'est le parallèle entre les deux histoires qui relève le tout. Enlevez l'une, et l'autre devient un roman somme toute banal.

C'est dommage, le principe de départ me plaisait bien. Mais le quatrième de couverture m'a induite en erreur : le narrateur y apparaît bien plus sympathique et on a l'impression qu'il va s'agir d'une histoire d'amitié entre deux hommes de générations différentes. Au point du roman où je suis arrivée, on n'y fait même pas allusion.

Pour un fois qu'un prix Goncourt m'intéressait...
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