vendredi 3 juin 2011

Chapeau, Jeeves !












4 de couv' :
Dans une Angleterre éternelle peuplée de jeunes filles énergiques et épuisantes, de tantes redoutables, d'oncles débonnaires et passifs, de toute une galerie de personnages excentriques, domine la figure de Jeeves, le génial et flegmatique majordome du narrateur Bertie Wooster, jeune célibataire oisif et écervelé qui a l'art de se fourrer dans des situations inextricables.
Ce sommet de l'humour anglais a enthousiasmé des générations de lecteurs, et a inspiré à un critique ce commentaire définitif : "Il n'y a que deux sortes de lecteurs de Wodehouse, ceux qui l'adorent et ceux qui ne l'ont pas lu."

Amoureux de l'humour anglais et des élucubrations et situations improbables à la "Blackadder", ceci est pour vous. J'ai moi-même fait partie de la première catégorie de lecteurs, je fais maintenant partie de la deuxième.
Comment vous dire ? Bertie, d'une situation passablement anodine, arrive à en faire une catastrophe et quand il veut tout gérer seul et sa manière, c'est... pire. Genre cataclysme. Jeune oisif un peu benêt, il est incapable de prendre une décision intelligente sans avoir consulté au préalable le sagace Jeeves. Sauf pour ce qui fut d'engager ce dernier, et encore faut-il voir les circonstances...

Jeeves est devenu l'archétype même du majordome stylé et indispensable à son employeur, que l'on retrouve dans tout livre, film ou série ayant pour personnage un majordome. English, of course.
Le meilleur exemple de ce genre de couple improbable que je puisse donner est celui, dans "une nounou d'enfer" (oui, je suis fan, c'est vous dire à quel point j'aime ce genre d'humour) de Maxwell Sheffield et Niles. Ce dernier disant du premier (et à juste titre et cela correspond assez bien à Bertie également) "incapable de s'habiller seul même si sa vie en dépendait". Personnages probablement directement inspirés des livres de Wodehouse, comme le prouve la photo ci-contre en guise de clin d'oeil.

Enfin, pour vous dire à quel point ces romans sont devenus des classiques, les anglais en ont fait une série où l'on retrouve les excellents Hugh Laurie et Stephen Fry.

Le seul bémol est que ces trois tomes sont individuellement dans l'ordre chronologique, pas globalement. Je m'explique : on a dans le premier tome les romans des années 20 et 30, on embraye dans le tome 2 des romans des années 30 à 70, pour reprendre le tome 3 en... 1919. Comme vous vous en doutez, j'ai déjà les trois : en faisant le tri et avec quelques post-it bien placés, je devrais m'y retrouver.
Et franchement, ça n'enlève rien au charme de la lecture ! C'est vous dire si le bémol est léger.

Et une fois n'est pas coutume, pour vous donner une idée du style et à quel point Bertie peut provoquer à lui tout seul une série de cataclysmes en tous genres, voici ce qu'il inspire alors à sa tante Dahlia :
"Elle me regarda longuement, avec insistance, le sourcil froncé comme sous l'effet d'une intense réflexion.
- Attila, dit-elle enfin. Voilà le nom, Attila le Hun.
- Hein ?
- J'essayais de me rappeler à quoi tu me faisais penser. Quelqu'un qui semait partout la ruine et la désolation et ravageait les maisons jusque là paisibles et heureuses. C'est bien Attila. Ce qui est extraordinaire, dit-elle en me fixant à nouveau, c'est qu'à première vue on pourrait penser que tu es juste un aimable crétin, cinglé bien sûr, mais inoffensif. Pourtant en réalité tu es un fléau plus redoutable que la peste noire. Je te le dis, Bertie, quand je te regarde, j'ai l'impression de me trouver face à face avec toute l'horreur et la malédiction cachées de l'existence et j'ai un choc aussi dur que si je me cognais contre un réverbère."

Et de toutes ses tantes, c'est la plus sympa avec lui. Il faut dire qu'à ce point du roman, la situation était désespérée pour la maison toute entière. Inextricable. Mais Jeeves...


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