dimanche 3 mars 2024

Les soeurs d'Auschwitz

4 de couv' :
"Je veux que vous me promettiez et que vous promettiez chacune à vos deux soeurs de toujours veiller les unes sur les autres. Que vous ne laisserez rien vous séparer. Compris ?"
Slovaquie, 1942. Les années ont passé depuis que Livia, Cibi et Magda Meller ont fait ce serment à leur père. Car dans une Europe désormais à feu et à sang, chaque jour est un sursis pour les trois adolescentes juives.
Pourtant, quand Livia est arrêtée par les nazis, Cibi tient sa promesse et suit sa soeur dans l'enfer d'Auschwitz, où elles seront bientôt rejointes par Magda.
Confrontées à l'horreur et à la cruauté du camp, les trois soeurs vont formuler un nouveau voeu. Celui de survivre. Ensemble.

J'ai eu plus de mal à démarrer ce roman.
Le début évoquant la vie des trois soeurs avant leur déportation, cette période heureuse de leur vie m'a parue insupportablement mièvre, car autant j'ai pu apprécier ce style dans les Comtesse de Ségur, autant là cela m'a dérangée.
Puis je me suis dit que cela venait aussi sans doute du fait que j'ai lu les trois livres de façon rapprochée et donc qu'une certaine lassitude m'avait gagnée. Pas sur le thème, mais sur l'écriture. Si je n'avais pas décidé de les remettre à ma mère ce week-end (nous étions chez elle pour son anniversaire, d'où le choix de cette date), je l'aurais mis de côté et aurais choisi un autre livre totalement différent.
Je l'ai donc mis de côté quelques jours et l'ai repris.

Quand je l'ai repris, ça allait mieux. Mais j'ai continué à avoir le même ressenti que pour les deux précédents : trop romancé.
L'écriture n'est pas désagréable, le fait est qu'il est difficile d'écrire un roman à partir de témoignages sur un thème aussi grave, mais cette impression ne m'a pas quittée.

J'ai fini par comprendre d'où venais le problème, du moins à mon sens : le fait est que l'autrice s'est prise d'amitié pour ceux et celles qu'elle a interviewé, et n'a donc (peut-être) pas eu le réflexe d'avoir davantage de recul sur leur histoire pour le rendre plus factuel, donc plus réel pour le lecteur.
Car oui, c'est un roman, mais aussi un récit. Difficile de trouver un équilibre entre les deux.

Cela étant, une fois plongée dedans, difficile d'en ressortir, au point d'avoir failli manquer mon arrêt de bus en allant au travail jeudi matin, c'est dire !

Bref, bien que parfois trop romancé à mon goût, un livre prenant un indispensable témoignage de cette époque.
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vendredi 23 février 2024

Le voyage de Cilka

4 de couv' :
Cilka Klein n'a que 16 ans lorsqu'elle est déportée. Très vite remarquée pour sa beauté par le commandant du camp de Birkenau, elle est mise à l'écart des autres prisonnières.
Mais à la libération du camp par les russes, elle est condamnée pour collaboration et envoyée en Sibérie. Un deuxième enfer commence alors pour elle. Au goulag, où elle doit purger une peine de quinze ans, elle se lie d'amitié avec une femme médecin et apprend à s'occuper des malades à l'hôpital.
C'est ainsi qu'elle rencontre Alexandr et qu'elle découvre que l'amour peut naître même dans les situations les plus dramatiques.

Comme pour "Le tatoueur d'Auschwitz", ce roman se base sur une personne qui a réellement existé, à partir de témoignages que l'autrice a pu récolter à son sujet. Après recherches sur Internet, je me suis rendue compte que son histoire tient largement plus de la fiction que de la biographie.
L'autrice ne s'en cache d'ailleurs pas : par exemple Cilka - la vraie - avait deux soeurs, dans le roman elle n'en a plus qu'une qui est un condensé des deux.

Sur l'histoire racontée dans ce roman : j'ai été happée dès les premières pages et ai eu du mal à en décrocher. On se prend d'affection pour le personnage, on envie de suivre ses aventures, savoir ce qui va lui arriver jusqu'à sa libération (et si elle est libérée, vu qu'elle se trouve dans un goulag), si elle va vraiment passer 15 ans dans ce camp, comment elle va survivre, etc.

Mais si le contexte du goulag est bien posé dès le début, je trouve qu'il est plutôt survolé dans le reste du livre. Et que l'autrice n'insiste pas plus que cela, n'y faisant que des allusions par la suite. Par exemple : des personnages marchent sous la neige à un moment. Mais on est en Sibérie, ce n'est pas comme s'ils étaient dans nos contrées, là-bas ils sont sous des températures avec des dizaines en-dessous de zéro quand même, ça aurait dû être décrit avec un peu plus de difficultés que cela...
Au lecteur donc de s'en rappeler au fil du livre, ce qui n'est pas gênant au final. Mais je dois avouer que par moment, je n'avais plus l'impression qu'elle était au goulag. Des détails de la vie là-bas sont inclus dans le roman, mais j'ai parfois eu l'impression que d'autres manquaient pour lui donner davantage de substance.

Cela étant, mention spéciale à l'honnêteté de l'autrice qui explique en postface sa façon de procéder sur la création des personnages et du roman, ainsi qu'à la postface d'Owen Matthews, qui rend compte de la réalité historique des goulags et du contexte politique de l'époque.

Un très bon roman, prenant, pour le moment mon préféré des trois tomes.
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samedi 17 février 2024

Le tatoueur d'Auschwitz

4 de couv' :
L'histoire vraie d'un homme et d'une femme qui ont trouvé l'amour au coeur de l'enfer.
Sous un ciel de plomb, des prisonniers défilent à l'entrée du camp d'Auschwitz. Bientôt, ils ne seront plus que des numéros tatoués sur le bras. C'est Lale, un déporté, qui est chargé de cette sinistre tâche. Il travaille le regard rivé au sol pour éviter de voir la douleur dans les yeux de ceux qu'il marue à jamais.
Un jour, pourtant, il lève les yeux sur Gita, et la jeune femme devient sa lumière dans ce monde d'une noirceur infinie. Ils savent d'emblée qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Dans cette prison où l'on se bat pour un morceau de pain et pour sauver sa vie, il n'y a pas de place pour l'amour.
Ils doivent se contenter de minuscules moments de joie, qui leur font oublier le cauchemar du quotidien. Mais Lale fait une promesse à Gita : un jour, ils seront libres et heureux de vivre ensemble.


J'avais beaucoup entendu parler de ce livre et des tomes suivants qui ont eu un assez grand succès (ce tome-ci faisant l'objet d'un film ou série). Comme d'habitude, j'ai préféré attendre que l'enthousiasme retombe un peu pour le lire (merci maman de m'avoir a-offert les trois tomes à Noël).

Je suis un peu mitigée sur ce livre. Certes, il est basé sur le témoignage de Lale, qui a réellement existé, certes l'autrice est scénariste avant d'être romancière, mais hélas ça se ressent.
J'ai eu un peu de mal avec l'écriture qui, si elle ne manque pas d'empathie, a tendance à seulement dire les choses les unes après les autres. Une fois passé cela, on se surprend à se plonger dans l'histoire, occultant complètement ce qu'il y a autour de nous.

Autre chose qui m'a un peu dérangée : j'ai déjà lu d'autres livres sur les camps de concentration, dont beaucoup de livres de Christian Bernadac en particulier, qui sont des recueils de témoignages de survivants des camps de concentration nazis.
Comme beaucoup dans les années 1980, j'ai adoré lire et regarder (télévision et film) "Au nom de tous les miens". Et relire et re-regarder.

Je trouve donc que ce livre, sur le côté témoignage, recèle des faiblesses. Je n'ai pas l'impression que l'autrice, en parallèle de ce témoignage, ait fait des recherches sur les camps de concentration pour rapprocher le témoignage au plus près de la réalité. Je ne me rappelle pas par exemple (mais comme je ne me rappelle pas, peut-être est-ce moi qui ait tort, que les prisonniers n'avaient pas à travailler le dimanche. Dans mes souvenirs - ou était-ce un ressenti à le lecture de tous ces livres de témoignages - les prisonniers travaillaient constamment, sans jour de repos, jusqu'à en crever.

Si l'autrice ne cache rien de la cruauté des camps, elle donne l'impression de survoler le "réel" de cette survie là-bas. Ce qui a au moins le mérite de ne pas tomber dans le pathos, ce qui aurait été pire.

Cela étant, ce roman a le mérite de contribuer au devoir de mémoire et de continuer à ne pas faire sombrer cette partie de l'histoire dans l'oubli. Plutôt salutaire par les temps qui courent avec les prochaines élections européennes...
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jeudi 15 février 2024

Panique en Armorique

4 de couv' :
Finistère sud. Une nuit épaisse de novembre, un incendie criminel détruit un élevage de poulets en batterie. Quand l'attentat est revendiqué par des militants déjantés de la cause animale, l'enquête revient au (charmant) capitaine Chauvigny.
Non loin, la commissaire retraitée Lola Jost et sa meilleure amie, la jeune strip-teaseuse américaine Ingrid Diesel, sont en vacances. Intrigué par les évènements, et histoire de s'occuper un peu, le duo décide de jouer les détectives sous le nez des gendarmes.
Mais très vite la tension monte : leP-DG de Poulets Dorés est retrouvé mort, pendu par les pieds et électrocuté comme ses volailles...

J'ai eu un peu de mal à démarrer sur ce nouveau tome des aventures de Lola Jost et Ingrid Diesel.
Déjà parce que ce que j'ai toujours aimé dans cette série est le Paris de carte postale et que cette fois, l'histoire se passe dans le Finistère sud. C'est sympa et devrait me flatter mais en ce qui me concerne, zéro dépaysement.
Ensuite parce que je n'aime ni le titre, ni la couverture, tellement différents de l'esprit des autres tomes...

J'ai donc eu du mal au démarrage, au point de laisser le livre de côté pendant une semaine. Puis je l'ai repris dimanche dernier. Et n'ai pu finalement le lâcher que vers 2h00 du matin.

Si ce n'est pas mon tome préféré, je dois avouer qu'il m'a bien divertie et qu'on ne comprend vraiment l'intrigue qu'à la toute fin.

Sentiments mitigés donc, mais finalement relativement positif.
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dimanche 4 février 2024

Consolée

4 de couv' :
1954. Au Rwanda sous tutelle belge, Consolée, petite fille métisse, est retirée à sa famille noire et placée dans une institution pour "enfants mulâtres".
Soixante-cinq ans plus tard, Ramata, d'origine sénégalaise, effectue un stage d'art-thérapie dans un Ehpad du sud-ouest de la France. Elle y rencontre Mme Astrida, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui perd l'usage du français et s'exprime dans une langue inconnue. En tentant de reconstituer le puzzle de la vie de la vieille dame, Ramata se retrouve confrontée à son propre destin familial et aux difficultés d'être noire aujourd'hui dans l'Hexagone.
Un roman poétique, d'une grande actualité, qui met en résonance le passé colonial et la condition des enfants d'immigrés.


En me promenant et donc furetant dans ma librairie préférée, mes yeux ont été attirée par cette magnifique couverture. "Ne pas juger un livre à sa couverture" dit-on, mais sur ce coup-ci, fi du dicton, et j'ai bien fait.
Je vous rassure, je l'ai pris aussi parce que le résumé m'intéressait.

Roman moderne par son sujet, on se laisse porter par une écriture simple, délicate, et d'une très grande humanité qui dit les choses sans chercher à convaincre. Mais par sa simplicité, son humanité, l'autrice y arrive quand même par cette simple évidence des choses vécues.
Notez que convaincue, je l'étais déjà, mais j'ai mieux compris certains aspects et les points de vue de la jeune génération, petits-enfants d'émigrés grâce au personnage d'Ines, la fille de Ramata.

Ce roman choral à trois voix, (Consolée, Ramata et Astrida qui est en fait le nom donné à Consolée une fois enlevée à sa famille) est plus efficace que n'importe quel traité sociologique ou historique sur le sujet.

D'une grande douceur, parfois un peu bousculée, comme Ramata, avec les opinions de sa fille qu'elle a un peu de mal à comprendre, ce livre dit les choses sans forcer.

Je regrette juste qu'il n'y ait pas eu plus de lien entre Ramata et Astrida, mais au final c'est mieux ainsi, car plus réaliste. Et l'essentiel du livre n'est pas là de toute façon.

Il tacle un peu aussi les conditions de travail dans les Ehpad, bien qu'il ne mette pas assez en évidence le dévouement et la souffrance au travail de leur personnel, qui voudrait tant faire mieux et plus pour leurs résidents si on voulait bien y mettre les moyens.

En résumé, un livre profondément humain, et vrai.

vendredi 26 janvier 2024

La fille du train

4 de couv' :
Entre la banlieue où elle habite et Londres, Rachel prend le train deux fois par jour : le 8h04 le matin, le 17h56 le soir. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d'un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par coeur, elle a même donné un nom à ses occupants, qu'elle imagine parfait. Heureux, comme Rachel et son mari ont pu l'être par le passé, avant qu'il la trompe, avant qu'il la quitte. Rien d'exceptionnel, non, juste un couple qui s'aime. Jusqu'à ce matin où Rachel voit Jess dans son jardin avec un autre homme que Jason. Que se passe-t-il ?Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d'en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c'est avec stupeur qu'elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu...


Ce livre m'a été prêté par ma mère, qui lui a été prêté par un de mes oncles. J'ai l'habitude de prêter mes livres à ma mère, mais si en plus elle commence à me refourguer ceux de toute la famille, pourquoi ai-je donc un abonnement à la bibliothèque ? Et je ne vous parle même pas des boutures de plantes de toutes sortes...

Ce roman, j'en avais évidemment beaucoup entendu parler à sa sortie. Et comme pour tout livre qui connaît un énorme engouement, je ne me suis pas précipitée dessus, de crainte d'être déçue. Là pour le coup, j'ai bien dû le lire.

La façon d'aborder l'histoire me plaisait bien, mais je dois reconnaître que j'ai été assez - agréablement - surprise de son déroulement, et par ses personnages, que l'on apprend à découvrir au fil des pages. 
C'est probablement plus cela qui en a fait le succès que l'histoire en elle-même finalement car une fois arrivée à la fin et le coupable confondu, j'ai trouvé que c'était finalement assez banal. Façon puzzle reconstitué patiemment.

L'intérêt réside davantage dans le fait qu'il s'agit d'un roman choral : Rachel, Megan, et une autre femme dont je ne dirai rien car tout le début du roman se fait à deux voix. Celle de Rachel et de ce personnage se fait dans le présent. Celle de Megan, dans un passé relativement proche, éclairant ainsi les petites zones d'ombres, les questions que se pose Rachel et l'entourage de Megan.

Par ce biais, l'autrice non seulement explore la psychologie humaine mais aussi démontre ce que l'on laisse à voir de soi n'est rien à côté de ce qu'on est vraiment, de ce qui se passe vraiment dans nos vies. Au présent comme au passé.

On a ici trois voix de femmes, et donc un point de vue quasi exclusivement féminin de cette histoire. Je dis quasi car finalement l'autrice, par les interactions que ses personnages ont avec les hommes qui les entoure, réussit quand même à faire ressortir les opinions et sentiments de ces hommes.

Je trouve que ceux-ci n'ont pas forcément le beau rôle dans l'histoire, mais finalement les personnages féminins ne sont guère plus reluisants non plus.

Je ne peux pas m'empêcher de comparer de comparer ce livre à ceux de Mary Higgins Clark. C'est très féminin, très "on ne sait pas à qui faire confiance" et on ne sait très vite plus quoi penser des personnages de l'histoire, en particulier les hommes. A la différence près que les personnages féminins ne sont pas des "wonder woman" du travail en puissance, ce qui les rend plus réalistes, plus humaines aussi...

Un bon polar, efficace, je comprend l'engouement qu'il a suscité.
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dimanche 21 janvier 2024

Au loin, quelques chevaux, deux plumes...

4 de couv' :
Juillet 1900. Le bourgeois Edward Sheriff Curtis quitte sa famille et son studio de Seattle pour une expédition dans le Nebraska, rêvant de la photographie qui le rendrait mondialement célèbre. Au milieu de nulle part, il est attaqué et dépouillé par des bandits. Étrangement, à cause d'une image échappée de son portefeuille, Curtis a la vie sauve. Encore plus étrange, le bandit qui l'a épargné l'entraîne avec lui dans un long et dangereux périple? Jusqu'à cette réserve indienne dans laquelle le photographe va trouver sa vocation : témoigner de la misère, de l'invisibilisation et de l'oubli. Pour la mémoire d'un peuple.

J'ai été happée dès la première page l'écriture, l'histoire et la façon de la raconter.
Si le début est dur, le sujet lourd, que certaines parties de l'histoire vous prend aux tripes, l'auteur réussit malgré tout le tour de force de ne pas tomber dans le pathos et même de faire rire.

Il faut dire que tous les personnages de l'histoire sont présentés sous leur vrai jour, rendant justice et leur dignité aux indiens, mettant en relief le ridicule et la cruauté des blancs. Sous une apparente neutralité, l'auteur écrit du point de vue des indiens, ce qui change de l'histoire officielle et autres westerns hollywoodiens...

Un roman qui remet les choses - et les gens - à leur place, sur une belle amitié entre deux personnes que tout oppose.

Je ne sais pas la part de vérité sur les personnages principaux, dont le photographe qui a réellement existé et dont voici un lien vers sa biographie : Edward Sheriff Curtis

Une réussite !
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samedi 13 janvier 2024

Oreiller d'herbe ou le voyage poétique

4 de couv' :
Il faut lire ce texte d'une originalité et d'une poésie absolues, que Sôseki appelait son roman-haïku.
Au printemps, un jeune artiste décide de se retirer dans la montagne, loin des passions et de l'agitation de la cité, rencontre une jeune femme malicieuse et fantasque, rêve de peindre le tableau qui exprimerait enfin son idéal et ne réussit qu'à aligner poème sur poème !
Dans ce manifeste poétique et esthétique, profond, piquant, passionné, indigné, éblouissant, Sôseki approfondit sa méditation sur la création et  et la place de l'artiste dans la société moderne.
"Je ne crois pas qu'un tel roman ait déjà existé en Occident. Il ouvrira de nouveaux horizons à la littérature", prédisait Sôseki en l'écrivant.
Les délicates peintures qui l'accompagnent sont issues d'une édition de 1926 en trois rouleaux, où figurait aussi le texte entièrement calligraphié.


Je voulais par ce livre terminer 2023 et commencer 2024 en beauté. Ce, roman, qui ne peut être classé dans ce seul genre, est aussi un petit bijou de poésie et un ravissement des yeux de par les peintures qui y sont ajoutées.

S'il peut rebuter certains car le narrateur, tout artiste qu'il est, analyse assez souvent ses impressions et sentiments - toujours avec justesse, intelligence et élégance -, il n'en reste pas moins une histoire agréable, ponctuée de rencontres qui se transforment en nouvelles amitiés.

Un petit bijou.
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samedi 30 décembre 2023

Goldman

4 de couv' :
Jean-Jacques Goldman n'est pas seulement un grand nom de la chanson. Il est aussi un enfant d'émigrés juifs devenu la personnalité préférée des Français, un artiste engagé après la mort des utopies, un artisan au coeur des industries culturelles, un homme en rupture avec les codes virils. Le succès n'a affecté ni sa droiture ni son humilité.
Pour exister, Goldman a dû composer avec les règles de son temps, mais il a fini par composer lui-même l'air du temps, les chansons que les filles écoutaient dans leur chambre, les tubes sur lesquels tous les jeunes dansaient, les hymnes des générations qui se pressaient à ses concerts.
Et puis, au sommet de la gloire, l'hyperstar a choisi de se retirer. Dans la folie des réseaux sociaux, son invisibilité le rend étrangement visible. À force d'absence, et parce qu'il n'a jamais été aussi présent, Goldman est devenu un mythe.
Ce livre retrace le parcours d'un artiste exceptionnel, tout en racontant nos années Goldman.


Difficile d'écrire une biographie sur quelqu'un si discret sur sa vie privée. L'un des intérêts de cette biographie est entre autres l'approche qui en est faite : l'auteur est historien, il l'a donc centrée sur le contexte historique et sociologique des années 1970  à 1990.
Il part aussi du contexte familial de la famille Goldman : l'origine des parents, son frère Pierre dont je n'ai entendu parler qu'assez récemment et un (léger) parallèle fait entre eux.

Il est intéressant de voir que l'auteur évoque aussi la judéité de Jean-Jacques Goldman (et la sienne par la même occasion) bien que sa famille et lui-même étaient non pratiquants, mais imprégnés de cette culture. Même si en tant que lectrice et fan, ce point n'est guère essentiel pour moi, et je ne suis pas sûre que cela apporte un éclairage vraiment indispensable à la biographie.
Sur ce point, l'auteur ne m'a guère convaincue, j'ai eu l'impression à chaque fois qu'il parlait davantage pour lui que pour Goldman.

Goldman est vu sous des aspects que je n'avais pas envisagés, n'ayant de lui que la vision que j'en avais à l'époque : mon chanteur préféré, celui qui par ses chansons me faisait me sentir moins seule, et formidablement comprise. Me disant ainsi au cours de la lecture que je n'étais finalement pas aussi fan que je le croyais. Enfin si, de ses chansons et de ce qu'il représentait pour moi à l'époque, mais sa discrétion sur sa vie privée, le peu qu'il en disait ne m'a pas fait chercher davantage.
Il faut dire qu'à l'époque, pas de réseaux sociaux, on devait se contenter de ses (rares) apparitions télé et des articles de presse (enfin, surtout les magazines pour ados que je lisais alors).

Je ne suis pas d'accord sur le portrait que l'auteur fait de ses fans : pas que des filles, des garçons aussi. Pas des gosses de petite bourgeoisie, d'enseignants : à mon collège on était tous fans, tous enfants d'ouvriers. Pas de honte d'avouer qu'on était fans non plus...

Cet ouvrage est je pense assez complet sur cette époque et sur le personnage, l'auteur ne se focalisant pas que sur la vedette, mais donnant une vision plus large de l'époque et comment il s'incluait dedans.
Cela peut paraître rebutant, surtout en début de livre tant on a l'impression qu'il disgresse. Heureusement il rappelle qu'il est historien (oui, c'était mis en quatrième de couverture, que je n'ai pas relue avant d'entamer le livre) ce qui m'a permis de mieux appréhender son angle de vue.

Une biographie intéressante par la façon dont le sujet est abordé. "Bonne idée".
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